lundi 17 mai 2010

Tibet hommage Carrefour BD Rochefort



"Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami
L'ami qui tous les soirs venait à cette table
Et qui ne viendra plus, la mort est misérable
Qui poignarde le coeur et qui te déconstruit"


Chantés par Adamo en l'honneur de Tibet, ces premiers vers de la chanson L'absent de Louis Amade ne pouvaient qu'émouvoir, et ils ont ému. (Voir vidéo ci-dessous).


Pas de sketches, déguisements et autres surprises en tout genre cette année au Carrefour BD, mais bien de tendres sourires et aussi quelques larmes au moment de se souvenir de Tibet, le parrain bien trop tôt disparu de l'événement rochefortois : le Carrefour BD.


Tous étaient unanimes pour évoquer le talent et les qualités humaines de Tibet.


François Bellot, bourgmestre de Rochefort: "Tibet dégageait un tel enthousiasme, un tel optimisme, on ne va pas lui donner un titre posthume, mais nous allons faire de Nicole son épouse une citoyenne d'honneur de la Ville de Rochefort".


Dany n'a pas prononcé de discours « Tibet s'acquittait si bien de cette tâche qu'il est impossible d'arriver à sa cheville».


Philippe Halloy, président du Festival du Rire, a quant à lui déclaré : "Il nous manque déjà."


Luc Toussaint, le créateur du Carrefour BD "C'est triste, mais nous espérons que de là-haut, cette bande de joyeux drilles continue à être fier de notre manifestation".


Adamo a pris sa guitare pour saluer la mémoire de son grand ami. "Qui vais-je dorénavant battre à la pétanque lors de mes vacances dans le Midi de la France?" Avant de conclure : "Tu me manques, Tibet".


Chanson, dalle commémorative, la famille de Tibet s'était déplacée en nombre.
Nicole, son épouse, a été faite citoyenne d'honneur de la ville.
Les frères de Tibet, ainsi que son fils et sa belle-fille, étaient présents également.


L'hommage s'est poursuivi devant le syndicat d'initiative, là où une dalle illustrée d'un dessin de Tibet a été placée (voir diaporama).
Ensuite, l'exposition qui lui a été consacrée (accessible jusqu'au 16 mai, de 10h à 18h) a été inaugurée.


Visionnez la vidéo ci-dessous pour vous plonger dans  l'ambiance de cette belle journée.


Source :



lundi 3 mai 2010

Exposition caricature de stars de polars vues par Tibet: Liège

L'exposition "Portraits-Robots" de stars de polars Réalisée par le dessinateur de la bande dessinée policière Ric Hochet a lieu du 17 avril au 17 mai au consulat Général de France de Liège : 1 rue Saint Rémy - Liège (les visites de l’exposition se font le vendredi sur RDV - Tel : 04 230 58 32 -


«J’adore ça!», disait le regretté créateur de bandes dessinées Tibet, parlant des caricatures dont il gratifiait les personnalités qu’il aimait, qu’il admirait.


Le début de l'histoire des caricature était en 1966, lorsqu’il lui avait été demandé de croquer ses collègues à l’occasion des 20 ans du journal «Tintin».


En 1970, ses talents de caricaturiste furent à nouveau mis à contribution pour illustrer des dossiers à thème dans l’hebdo des 7 à 77 ans et agrémenter des émissions de télévision.
Fin 2010, les Éditions du Lombard publieront un recueil rassemblant une large sélection des caricatures de « La Tibetière ».


Voici déjà ci-dessous un petit aperçu de quelques "croqués".


Pour voir toutes les photos du vernissage du 17 avril visitez le site du Consulat de France à Liège.




mardi 6 avril 2010

Sortie du Nouvel album de Ric Hochet par Tibet et Duchâteau

Thomas Van Hamme, lors de son émission "A voir" (Vivacité, RTBF),a reçu André-Paul Duchâteau le 19 mars 2010 à l'occasion de la sortie du 77ème album de Ric Hochet, Tome 77 : Ici, 77 ! 


Cette 77ème énigme d'un grand classique de la BD policière. Un Ric Hochet toujours aussi percutant qu'à ses débuts, il y a 50 ans !


Il n'est pas toujours facile d'être un célèbre héros de bande dessinée. Ric Hochet va l'apprendre à ses dépens , il sera cette fois confronté à un tueur en série surnommé 77.


Pour fêter sa 77e enquête, voilà qu'un fou furieux s'est mis en tête de devenir le scénariste du «Démon de Minuit», un feuilleton policier.
Ric n'était pas très partant pour en être une des vedettes et voilà qu’une menace d'attentats aveugles l'oblige à rester, jusqu'à trouver le coupable.
Car il n'y a que deux hommes qui peuvent prétendre écrire son destin: ils s'appellent Tibet et André-Paul Duchâteau !


Cet opus bouscule encore un peu plus les règles du jeu, bonne lecture et bonne découverte !


Tibet et André-Paul Duchâteau avaient beaucoup ri en imaginant les rebondissements de ce scénario.
Espérons que vous en ferez autant à la mémoire de Tibet.


Ric Hochet poursuivra probablement ses enquêtes sans Tibet mais Ici 77 restera comme le dernier Ric Hochet entièrement dessinée de sa main.


Une main qui l’a fait entrer dans la légende de l’histoire du Journal Tintin et qui n’a jamais faibli, au rythme d’un album tous les dix mois pendant un demi-siècle.


Tibet nous a quittés le 3 janvier à l’âge de 78 ans. Jusqu’au bout, il a pris plaisir à dessiner, fidèle à sa table à dessin, à ses héros, à ses lecteurs et à ses innombrables amis.


Le veston moucheté de Ric Hochet est devenu aussi célèbre que les culottes de golf de Tintin.
Ric Hochet a confondu plus de 300 malfrats depuis sa première enquête. Réussira-t-il une fois encore à trouver le coupable ?
Seul Tibet le sait.

Écoutez l'interview d'André-Paul Duchâteau:

jeudi 4 mars 2010

Le Soir : Mort d’un maître de la ligne claire

Cauchemar pour Ric Hochet : Tibet disparaît


Rayon de soleil de la bande dessinée franco-belge, Tibet avait la blague facile et le rire naturel.
Né à Marseille à l’époque de Tintin au Congo, il était monté en Belgique dans les années 1930. Élevé au pensionnat, à la baffe et à la débrouille, il découvre Bruxelles à dix ans et gribouille un peu plus tard dans Mickey Magazine où il se lie d’amitié avec le romancier André-Paul Duchâteau. Les deux artistes se retrouveront chez Tintin pour créer Ric Hochet.


Raymond Leblanc, fondateur des éditions du Lombard et du journal Tintin devine le premier chez Tibet un talent prometteur.
L’éditeur lui commande une série jeune public pour concurrencer Mickey. Tibet lance Chick Bill dans un pétaradant western animalier mais Hergé, directeur artistique du magazine, n’en veut pas. « Il avait raison. Quand je voyais la qualité de ce qui était publié à l’époque, Chick Bill était un peu indigne, reconnaîtra Tibet toujours exigeant avec lui-même. J’avais 13 ou 14 ans la première fois que j’ai frappé à la porte de Hergé. Je dessinais la nuit. J’étais crevé à l’école. J’ai pris le tram 4. Il m’a donné plein de conseils. Je rêvais d’avoir mon histoire dans le journal. Plus tard, Raymond Leblanc m’a suggéré d’inventer des personnages animaliers pour rajeunir le public de Tintin. J’ai jeté Chick Bill sur le papier et, tagada, c’était dans la poche ! Sauf qu’Hergé a trouvé ça infantile ».
Leblanc décide tout de même de publier Chick Bill dans Junior, le titre pour enfants des éditions du Lombard. Tibet dessine deux pages par semaine pendant son service militaire, à Dijon, sous l’œil farouche de son lieutenant : « Alors Tibet, toujours dans vos conneries ? ».
Le jeune auteur réinvente le Far West sur le tas et remplace la documentation par des calembours. Chick Bill, c’est une comédie à l’Ouest, où les saloons sont des bars de Marseille. « J’ai commencé tellement jeune dans la BD que je manquais de culture, se désolait Tibet. Leblanc me conseillait toujours de lire Tolstoï ou Dostoïevski, mais les avait-il lus lui-même ? Hergé m’a fait comprendre que Chick Bill était trop farfelu. Il pensait sincèrement que ce personnage ne marcherait jamais. Je l’ai humanisé progressivement, ce qui a permis à Chick Bill de faire son entrée dans Tintin, tout en poursuivant ses aventures dans Junior ! » Près de 70 albums paraîtront au Lombard en cinquante ans.
Mais si Chick Bill est un héros prometteur, c’est Ric Hochet qui va faire entrer Tibet dans la légende du 9e Art. La première rencontre entre Tibet et Duchâteau remonte à 1948. Sept ans plus tard, ils mettent en scène la première enquête du reporter détective Ric Hochet, dont la veste mouchetée et la Porsche jaune font partie aujourd’hui des icônes de la bande dessinée. Le succès de la série n’a jamais faibli, au rythme métronomique d’un album tous les dix mois.
Entre-temps, Tibet sème encore le désordre dans les pages du journal Tintin avec son « petit être supérieur », le Martien Globul. Il signe des portraits dadaïstes du prince Philippe, de Clo-Clo, de Bernard Blier ou de Benoît Poelvoorde dans la galerie de caricatures de la Tibetière. « Je ne suis pas un littéraire, disait-il. Je préfère les grandes fanfares à la petite musique de nuit. J’étais un gamin de la rue. Pas un écrivain ». Pourtant, Tibet doit son succès à ses qualités de raconteur, à sa grande lisibilité et surtout à la façon dont il faisait jouer ses personnages : de purs comédiens. Ses héros sont drôles, crédibles, dynamiques, vivants, comme dans les films de Chaplin, de Pagnol ou de Carné.
En 2007, Tibet avait raconté ses souvenirs de jeunesse dans un roman autobiographique, Qui fait peur à maman ? Il se dégageait de son écriture simple, d’une concision foudroyante, une émotion puissante. La sincérité de l’homme transpirait au travers du livre, qui se refermait sur la mort tragique de sa mère. « On lui a sectionné un nerf dans le cerveau. Elle commençait à avoir peur de ses propres enfants. Il n’y avait pas d’autre issue. Il fallait que la vie continue. J’ai choisi de dessiner et de faire le comique comme Stan Laurel, mon idole au cinéma ».
Tibet est décédé samedi soir, à Roquebrune-sur-Argens, au bout d’un dernier éclat de rire, en regardant une émission humoristique à la télévision. Comme pour nous interdire d’être triste.
P.30 Les amis et les héros de Tibet témoignent


lignes de vie

Mickey Magazine.
En 1947, Tibet débute comme assistant animateur dans le journal de Walt Disney.
Héroïc-Albums.
En 1949, Tibet croque sa première série policière, Dave O’Flynn dans cet éphémère magazine de BD belge.
Ons Volkske.
En 1950, Tibet et Duchâteau publient leur première histoire à suivre dans ce périodique flamand pour la jeunesse : De avonturen van Koenraad.
Tintin.
En 1950, Tibet devient maquettiste-illustrateur au journal Tintin, dans lequel paraîtra, en 1955, la première enquête de Ric Hochet.
Junior.
En 1953, Tibet publie dans cette revue pour enfants la première aventure de Chick Bill dans un style très Mickey Mouse.


«Sa personnalité faisait l’unanimité»

entretien
Nouveau scénariste de Thorgal ou de Blake et Mortimer, directeur général adjoint de Dargaud-Lombard, Yves Sente est entré aux éditions du Lombard en 1991. Il a travaillé pendant près de vingt ans main dans la main avec Tibet, qu’il considère comme le dernier des géants du journal Tintin.
Tibet appartient à la génération dorée de la BD franco-belge, celle qui a fait ses classes dans les magazines. C’était un pur produit du journal « Tintin » ?
Il avait 16 ans quand il est entré au journal, juste après les quatre mousquetaires fondateurs : Hergé (Tintin), Jacobs (Blake et Mortimer), Cuvelier (Corentin) et Laudy (Hassan et Kaddour). Il n’a jamais quitté les éditions du Lombard, dont il a été directeur artistique après Hergé, Bob De Moor... Il était de toutes les fêtes, de toutes les réunions de travail aussi. Sa personnalité faisait l’unanimité. Il était toujours prêt à rire et à s’amuser. Il occupe une place unique dans l’histoire des éditions du Lombard parce qu’il a été le premier auteur formé dans la maison. Tibet, c’est l’image emblématique de la confrérie des auteurs du Lombard. Il était important pour tout le monde, au même titre que ses héros, Chick Bill et Ric Hochet.
Ric Hochet a traversé les générations. Il appartient à la race des grands héros populaires ?
Je pense que la régularité extraordinaire de Tibet explique en bonne part le succès de la série. A 78 ans, il s’amusait toujours autant devant sa table à dessin, qu’il ne quittait jamais plus de trois jours. Très peu d’auteurs sont capables d’une telle performance artistique. Du coup, Ric Hochet est un personnage qui fait partie de la famille. On est habitué à le retrouver tous les dix mois pour une nouvelle aventure.
Chick Bill est sa création la plus personnelle. Il n’a pas connu la même réussite commerciale que Ric Hochet. Pourtant Tibet ne l’a jamais abandonné. Il y était sentimentalement attaché ?
Chick Bill contenait toute la dérision dont Tibet était capable mais surtout, c’était la réminiscence de son enfance, de l’humour des films des Marx Brothers et de Laurel et Hardy. Il y a aussi de l’humour dans Ric Hochet mais c’est dans Chick Bill que Tibet pouvait donner libre cours à sa marotte des jeux de mots, du burlesque. C’était sa récréation personnelle. Et comme cela ne portait pas ombrage à Ric Hochet, pourquoi se priver de ce plaisir ?
Il n’était pas triste de voir le public moins réceptif à l’humour de Chick Bill qu’aux enquêtes de Ric Hochet ?
Chick Bill vend moitié moins d’albums que Ric Hochet, c’est la réalité des chiffres. Mais la récente réédition de tous les titres en intégrale a permis de faire redécouvrir cette série humoristique au public. Ce fut une très belle surprise pour Tibet qui n’y croyait pas beaucoup et pensait que Chick Bill n’était plus un personnage dans le coup. En fait, l’intégrale a montré que c’est devenu un vrai classique, au même titre que Ric Hochet.


«La rencontre avec Hergé a été la clé de sa carrière»

entretien
Scénariste de Ric Hochet et ami de Tibet depuis plus de cinquante ans, le romancier André-Paul Duchâteau était effondré dimanche de la disparition inopinée de son fidèle complice. Mais il s’est fait un devoir de rendre hommage à son talent.
Quelle sera la place de Tibet dans l’histoire de la bande dessinée belge ?
Celle d’un ami d’abord, avec lequel je devais fêter la sortie du 77e album de Ric Hochet à la Foire du Livre de Paris au mois de mars. Tibet est parti sans souffrir dans une dernière pirouette, en regardant une émission humoristique à la télévision française. C’est tout lui. Sa place dans la bande dessinée est unique. Il a inventé le réalisme humoristique. C’était un merveilleux raconteur d’histoires, en dessins comme en paroles. C’était aussi un acharné du travail bien fait qui savait s’amuser en dessinant. Je crois que le lecteur ressentait cet amusement et que c’est là l’origine de la formidable complicité entre Tibet et le public. Il faisait remarquablement jouer ses personnages.
Il a fait toute sa carrière au journal « Tintin ». Pourtant, il se sentait plus proche des auteurs de « Spirou ». Franquin, Peyo et Roba étaient ses meilleurs amis dans la profession. Il cachait son vrai visage derrière la ligne claire ?
Il a hésité au début de sa carrière entre Tintin et Spirou. Tibet avait une vraie admiration pour Hergé mais elle était plus grande encore pour Franquin, qu’il considérait comme le plus grand de tous. Je crois que son style est à mi-chemin entre les deux écoles. Tibet excellait à glisser un clin d’œil humoristique dans un récit dramatique. Hergé a été son professeur mais il a su développer sa propre personnalité sans copier simplement la ligne claire. Hergé a d’ailleurs senti ses qualités et s’il s’est montré rigoureux avec lui, c’est pour qu’il donne le meilleur de lui-même. Pour Tibet, la rencontre avec Hergé a été la clé de sa carrière.
Ric Hochet et Chick Bill ont absorbé toute son énergie et sa créativité. Il est mort à 78 ans en laissant deux albums à paraître en janvier en mars 2010. Ses héros ne l’ont pas épuisé ?
A une certaine époque, il dessinait jusqu’à une planche par jour ! Tibet était d’une productivité inouïe avec une force e une régularité de dessin exceptionnelle en bande dessinée, même s’il faisait faire depuis longtemps les décors par d’autres. Il n’était jamais épuisé ni blasé par ses personnages.
Ric Hochet va poursuivre ses aventures ?
Ici 77, le 77e album de Ric Hochet est terminé et sortira comme prévu en mars 2010. C’est l’histoire d’un tueur en série qui s’appelle 77, admire Ric Hochet et veut écrire lui-même le scénario de son prochain album. Nous avons beaucoup ri en imaginant ce récit, Tibet et moi. Pour la suite, avant de disparaître, Tibet était arrivé à la 27e planche du 78e épisode. J’aimerais voir cette aventure terminée et publiée, parce que je crois que Tibet aurait aimé qu’il en soit ainsi.


La bande désopilante à Chick Bill et Kid Ordinn

Le plus chic cow-boy de l’Ouest a dégainé pour la première fois en Arizona, sous le crayon sarcastique de Tibet, en 1953. Au bout d’un récit haletant truffé de fausses pistes et maquetté à la main, Chick Bill, le héros de western animalier, est venu à bout de son ennemi invisible, le fils de coyote Panthario.
Voleur de bétail invisible, savant fou et kidordinneries étaient au rendez-vous de cette histoire débridée, emblématique de l’enthousiasme des pionniers de la bande dessinée franco-belge. Tibet enchaînera avec une débauche de gags et d’action dans Les carottes sont cuites. L’intrigue peu vraisemblable des carottes farcies de lingots d’or est sauvée par une cascade de rebondissements et de jeux de mots. Kid Ordinn n’hésite pas à mettre en déroute les Indiens Rabajoas à coup de boules de poil à gratter.
Le troisième album, La route d’acier, marque le tournant décisif dans l’évolution des personnages. Chick Bill perd sa crinière de lionceau, Petit Caniche sa tête de chiot, Dog Bull ses oreilles de bouledogue et Kid Ordinn son groin de cochon. Tibet trouve son style faussement réaliste et pétillant.
Ce western du calembour unique dans l’univers de la bande dessinée franco-belge est à l’image de son auteur : plein d’esprit. Le succès de Chick Bill n’a jamais rivalisé avec celui de Ric Hochet mais, farouchement attaché à son personnage, Tibet a poursuivi ses aventures pour le plaisir. Avant de disparaître brutalement, il avait terminé le 70e tome de la série, Qui veut gagner des filons, dont la sortie en librairie est prévue le 15 janvier 2010.


Ric Hochet, le journaliste détective préféré des Belges

Ric Hochet, c’est le héros idéal. Un sondage de popularité réalisé des éditions du Lombard accorde au reporter détective une cote de 85 % de notoriété au sein de la population belge. Ce score exceptionnel signifie que le personnage est connu au-delà du petit monde de la bande dessinée et que même ceux qui n’ont jamais lu ses albums savent pour la plupart qui il est. Le secret du succès et de la longévité de Ric Hochet ? Tibet et Duchâteau l’attribuent simplement au fait « qu’il retrouve toujours les coupables à la fin ».
Reporter au quotidien La Rafale, perspicace et téméraire, Ric Hochet a confondu plus de 300 coupables depuis 1955. Il a débuté dans une histoire courte où il n’était encore que crieur de journaux et menait ses enquêtes en scooter. C’est dans « Relevez le gant », une série d’enquêtes illustrées à résoudre par les lecteurs du journal Tintin qu’il a enfilé définitivement son veston moucheté, aussi indémodable que les culottes de golf de Tintin. Depuis, le journaliste d’investigation de Tibet et Duchâteau a vendu plus de 15 millions d’albums, traduits en quinze langues, et il roule en Porsche jaune grâce au succès de ses romans policiers. Au XXIe siècle, Ric Hochet a pris la carrure d’un classique immortel de la bande dessinée franco-belge. Au contraire de certains héros immuables, il a grandi mais vieillit moins vite que Navarro. Il s’est fixé dans la trentaine, tandis que Nadine, sa partenaire a toujours 20 ans : « la différence idéale entre un homme et une femme pour que ça tienne », disait Tibet. En mars 2010 sortira le 77e album, Ici 77, que Tibet avait achevé avant sa mort soudaine.


Lire l'article original de Daniel Couvreur le 4 janvier 2010 sur le site Le soir

vendredi 19 février 2010

Le Monde: tibet auteur bandes dessinées

Rire était une seconde nature pour l'auteur de bandes dessinées Tibet.


Jusqu'au tragique : il est mort accidentellement, samedi 2 janvier, devant une émission de télévision comique, dans sa maison de Roquebrune-sur-Argens (Var).


Son biographe, l'écrivain et critique de BD Patrick Gaumer, avait du reste donné pour titre à l'ouvrage qu'il a consacré au créateur de Chick Bill et de Ric Hochet (éd. Le Lombard)  La Fureur de rire.


Mais il ne faut pas s'y tromper : le rire de Tibet servait aussi à masquer d'autres facettes, plus sombres.


DATES CLÉS.


29 octobre 1931
Naissance à Marseille.


1950
Maquettiste illustrateur à "Tintin".


1953
Première aventure de Chick Bill, "Chick Bill en Arizona".


1955
Première aventure de Ric Hochet, "Traquenard au Havre".


2002
Inauguration à Roquebrune-sur-Argens du boulevard Ric-Hochet.


2 janvier 2010
Mort à Roquebrune-sur-Argens (Var).


Survivant des derniers grands auteurs de la BD classique franco-belge dont il était le cadet, Tibet (de son vrai nom Gilbert Gascard), est né à Marseille le 29 octobre 1931. Sa famille s'installe à Bruxelles alors qu'il est encore enfant.
Son père, joueur de l'Olympique de Marseille, s'en va. Sa mère, en proie à des phobies, a du mal à s'occuper de ses enfants.


Ecolier, Tibet s'ennuie au collège. Il dessine, va beaucoup au cinéma - dont il raffole - avant de s'adresser aux studios bruxellois de Walt Disney et de collaborer à Mickey Magazine. Il y rencontre André-Paul Duchâteau, un jeune romancier qui devient son ami et plus tard le coauteur de Ric Hochet.


Ses dessins animaliers des premières aventures de Chick Bill - doté d'une crinière rousse de lionceau, escorté d'un shérif au visage de taureau, Dog Bull, et d'un jeune Indien à tête de caniche -, puis des dessins très "Série noire" parus dans Heroïc-Albums le font remarquer par Raymond Leblanc, patron des éditions du Lombard et du journal Tintin lancé en 1946 sous la direction d'Hergé. Mais le "père" de Tintin estime les dessins de Tibet "infantiles". Cela n'empêche pas Tibet d'entrer à Tintin comme maquettiste et de publier dans un autre titre de Raymond Leblanc, Junior. Il a alors 16 ans.


Progressivement, Tibet, sur les conseils d'Hergé, humanise les traits de ses personnages, qui évoluent dans un Far West parodique mélangeant ce que Tibet aimait lorsqu'il était enfant (Gary Cooper, Laurel et Hardy, les Marx Brothers), et truffé de burlesque et de jeux de mots. Ceux-ci feront de Kid Ordinn, balourd et naïf, un héros équivalent à Chick Bill. Dès 1953, ce western détourné fait partie des séries phares de Tintin.


Avec Duchâteau, Tibet crée deux ans plus tard Ric Hochet (nom inventé aussi par Tibet), reporter au journal La Rafale, mais aussi détective. Ses premières aventures s'inspirent de faits divers des années 1950-1960 : enlèvement d'enfant, contrebande, débuts de la télévision.


Le succès venant - les soixante-seize aventures parues de Ric Hochet représentent quinze millions d'albums vendus, soit le double des ventes de Chick Bill -, Tibet dessine dans Tintin pour René Goscinny et Greg, crée la série Globule le Martien et exerce ses talents de caricaturiste avec sa "Tibetière", rubrique dans laquelle il croque vedettes de cinéma, de la BD ou du sport. Il a son style, entre celui de Spirou et de Tintin, et s'il s'inscrit dans la "ligne claire" d'Hergé, il donne à son trait une touche personnelle, reconnaissable.


Tibet s'amuse. Et il a beau être lié aux éditions du Lombard et à Tintin (sa première infidélité, une BD pour Glénat, il ne la commettra qu'en 2006 !), il fait la fête avec les auteurs de Spirou, le rival de Tintin, et notamment ses grands amis Franquin (Spirou, Lagaffe), Roba (Boule et Bill) ou Peyo (Johan et Pirlouit, Les Schtroumpfs). "Sa bande de copains, c'était très important pour lui ; il n'y mettait pas de frontières de journaux, de styles, de générations, précise son biographe Patrick Gaumer. Il était ami avec Uderzo comme avec Ptiluc."


Ce goût de la fête n'empêche pas une productivité incroyable : Tibet est capable de réaliser une planche de BD par jour et de publier une nouvelle aventure de Ric Hochet tous les dix mois. Une soixante-dix-septième aventure de Ric Hochet doit d'ailleurs être publiée lors du Salon du livre de Paris, en mars, tandis qu'un soixante-dixième Chick Bill doit paraître mi-janvier. Mais cette hyperactivité et les nombreuses récompenses, prix et médailles reçus par Tibet cachent aussi des blessures. Ayant très peu connu son père, choqué par le drame d'une mère psychologiquement fragile, cet auteur à la sensibilité exacerbée avait raconté il y a trois ans ses souvenirs de jeunesse dans Qui fait peur à maman ? (éd. L'Esprit des péninsules). Un autoportrait poignant de ce rieur obligé, dont le chanteur Salvatore Adamo, son ami et préfacier, écrit qu'il "fait fondre d'affection pour ce gosse qui joue à être heureux".


Yves-Marie Labé
Article paru dans l'édition du 07.01.10


Lire l'article original et tous les commentaires sur le site Le Monde.fr

mercredi 27 janvier 2010

50 Degrés nord: interview sortie 74ème album de Ric Hochet

Tibet et Duchâteau interviewé sur le plateau de 50 degrés nord (RTBF) lors de la sortie du 74ème Ric Hochet : Puzzle mortel. (Fin 2007).











samedi 23 janvier 2010

Alain-d: Hommage à Tibet

Lundi 4 janvier 2010
Hommage à Tibet


L'un des derniers pionniers de la BD franco-belge vient de s'éteindre.


Tibet, l'auteur prolifique de Chick Bill et de Ric Hochet, s'en est allé samedi rejoindre le paradis des P'tits Mickey...


Tibet était une vraie machine (ou tout simplement un grand passionné...), professionnel du dessin depuis 1947, il a dessiné (entre autre) 76 albums de Ric Hochet et 60 de Chick Bill !


Son trait, précis et efficace, rappelait celui d'Hergé, l'un de ses mentor avec Jijé.
Caricaturiste de talent (vous pouvez cliquer ici et pis là aussi), Tibet avait d'ailleurs croqué à maintes reprises le Maître de la Ligne Claire.


En apprenant le decès de ce grand Monsieur de la BD, un de ses dessins m'est venu à l'esprit, un hommage à Hergé justement : Tintin au Tibet par Tibet !

Fidèles à leur politique, les éditions Moulinsart ont condamné Tibet à retirer ce dessin de la vente !


Tibet s'est alors amusé à modifier le dessin en se caricaturant avec Duchâteau, le scénariste de Ric Hochet :





Je n'ai jamais eu le plaisir de rencontrer Tibet, mais l'annonce de sa mort m'a touché.
Quelques-unes de ses bandes dessinées ont bercé mon enfance et je ne pourrai jamais l'en remercier...


Je ne peux que lui témoigner cet hommage (inspiré, pour les non-connaisseurs du dos d'album des Ric Hochet) :





Lire l'article original et tous les commentaires sur le site d'Alain D

Alix Mag : Hommage à Tibet

04 JANVIER 2010


Hommage à Tibet


Pour rendre un petit hommage à Tibet (en restant dans l'esprit d'Alix Mag), voici une case de l'album de "L'ennemi à travers les siècles" en 1978 où Tibet dessine Alix et Enak en fond de case.


Bernard Van Hauwaert




Lire l'article original et tous les commentaires sur le blog officiel Alix Mag.







Duchâteau raconte


Tout le monde connait André Paul Duchâteau, il est le père (avec Tibet) de la série phare, Ric Hochet
Il a été aussi le scénariste de Chick Bill et de beaucoup d'autres séries mises en images par des auteurs tout aussi prestigeux comme Vance, Rosinski, Follet, Deneyer, etc...


Ce que l'on sait moins, c'est qu'il a été pendant quelques années le rédacteur en chef du journal Tintin.
Comme Jacques Martin, André Paul Duchâteau est la mémoire vivante des grandes heures de la BD franco-belge.


Une interview de 38 minutes pleine de souvenirs et d'anecdotes réalisée à Bruxelles le 2 février 2007.


(Publiée sur Dailymotion par zorglub95)












Des Bulles carrées: Jacques Martin, Tibet...

Les décès de Jacques Martin et de Tibet résonnent comme le point final d’une génération essentielle pour la BD.


On a appris hier la disparition, à l’âge de 88 ans, de Jacques Martin, entre autres papa d’Alix et de Lefranc. Deux semaines plus tôt, le 3 janvier dernier, c’est Tibet qui passait la plume à gauche. Parmi ses créations, le cow-boy Chick Bill (69 albums!) et le reporter Ric Hochet (76 albums!!).
Jacques Martin et Tibet, ce sont deux facettes différentes de la bande dessinée franco-belge. D’un côté, un pur représentant de la ligne claire, doté d’un sérieux et d’un souci du détail caractéristiques. De l’autre, un stakhanoviste de la planche qui n’était pourtant pas le dernier pour rigoler. Deux auteurs qui symbolisent pourtant une même génération, celle de l’âge d’or du Journal de Tintin.


La publication a été fondée en 1946 par l’éditeur Raymond Leblanc, tirée évidemment par personnage de Tintin, et sous l’étroite surveillance artistique de son créateur, Hergé. Pourtant, le reporter à la houpette remplira finalement assez peu les pages du Journal de Tintin, puisqu’Hergé ne livrera au journal que 10 aventures en trente ans, entre la création du journal et la publication en 1975 de la dernière aventure, Tintin et les Picaros. Aussi, dans le Journal de Tintin, il n’y avait pas que Tintin. C’est dans ses pages que s’épanouiront par exemple les Blake et Mortimer d’Edgar P. Jacobs, ou… Alix et Chick Bill.


Aujourd’hui, il ne reste que très peu d’auteurs de l’époque encore en vie. Les décès de Tibet et Jacques Martin viennent ainsi presque conclure une longue litanie de disparitions : Hergé (1983), Jacobs (1987), Greg, le père d’Achille Talon qui fut rédacteur en chef du Journal de Tintin (1999) ou encore François Craenhals (2004). Il pourrait sembler artificiel d’évoquer en même temps Jacques Martin et Tibet, car hormis leur décès à si peu de temps d’intervalle (et leur collaboration au Journal de Tintin, donc), les deux hommes n’avaient pas grand chose en commun. Mais c’est justement par leurs deux styles différents qu’ils permettent de bien envisager ce qu’était le Journal de Tintin : une publication pour enfants, mais sérieuse.


L’appliqué et le frénétique


Ainsi, Jacques Martin apparaît comme l’incarnation parfaite du Hergé boy. Graphiquement, il partage avec lui la ligne claire, tant et si bien que Martin rentrera au Studio Hergé en 1954 et y restera jusqu’en 1972, pour aider Hergé sur Tintin. S’il achève les crayonnés d’Hergé, il n’hésite pas non plus à donner son avis sur le scénario. Jacques Martin se revendiquait ainsi comme l’auteur du fameux gag du sparadrap du capitaine Haddock. Comme Hergé, il prête aussi un grand souci au détail. L’exemple le plus clair, c’est bien sûr la précision historique qu’il a apporté à l’univers d’Alix, son héros phare. Une précision qui n’a d’ailleurs pas été sans lui causer des soucis, comme les polémiques autour de la pédophilie que j’ai déjà évoquées dans un autre billet.


De l’autre côté, Tibet est plus un franc-tireur dans le Journal de Tintin. L’auteur de Chick Bill est à contre-courant d’une tradition imposée par Hergé qui veut qu’on doive écrire ses BD lentement. Tout l’inverse de… Jacques Martin. Dans Le duel Tintin-Spirou d’Hugues Dayez (disponible en PDF), Tibet confiait ainsi : “Hergé exigeait de toute son équipe du journal “Tintin” un soi, une méticulosité exagérée… C’est comme ça que Jacques Martin a développé un souci du détail incroyable. Moi, je n’ai jamais été très emballé par ses histoires, mais je dois reconnaître que ses décors étaient tiré au cordeau“. A l’inverse, Tibet était un forcené de la bulle, l’auteur capable de pondre deux albums par an tout en conservant une bonhommie certaine : “Un jour, Greg avec sa ‘gentillesse’ coutumière, m’avait bien dit : ‘Toi tu es un fonctionnaire de la bande dessinée!‘ Mais c’est bien, en définitive : j’ai fait ça, peut être, comme un bon fonctionnaire, fidèle au poste, mais je ne me suis jamais ennuyé !“. A la vérité, Tibet était un peu plus dans l’esprit Spirou – plus rigolard, plus rond, plus de gauche- que dans l’esprit Tintin -plus sérieux, plus carré, plus de droite-, pour lequel il travaillera pourtant jusqu’au bout.


Et maintenant? Jacques Martin avait déjà arrêté de dessiner depuis plusieurs années. C’étaient les dessinateurs qu’il avait formés qui continuaient à faire vivre les personnages qu’il avait créés. Comme il le confiait à Hugues Dayez : “je ne veux pas qu’Alix s’arrête ! [...] Ma motivation principale, ce sont les collaborateurs. Si je les investis de mes personnages pour, tant que je vis, X histoires, je trouverais assez dommageable pour eux d’être obligés d’arrêter à ma mort. C’est ce qui s’est passé avec Bob de Moor aux Studios Hergé : Bob de Moor croyait dur comme fer pouvoir continuer les aventures de Tintin, et il ne les a pas continuées ! Il n’a pas survécu longtemps à cette déconvenue, le malheureux.” Au scénario, ça sera donc Patrick Weber qui continuera de donner vie à Alix et Enak. Après tout, les personnages de BD, eux, sont immortels.


Laureline Karaboudjan


Illustration: extrait de la couverture d’Alix l’Intrépide, le premier album d’Alix


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