Tibet est né à Marseille en 1931 où son père a entraîné l'OM. Le dessinateur est décédé hier à sa maison de Roquebrune-sur-Argens
Le dessinateur Gilbert Gascard, dit "Tibet".
Photo archives
Alors que le dessinateur Tibet vient de mourir, les amoureux provençaux de bande dessinée redécouvrent un pan peu connu de la vie du créateur de Ric Hochet.
Celle de l'enfance marseillaise de ce créateur qui a vendu plus de 15 millions d'albums des aventures de son journaliste mais aussi de Chick Bill.
Tibet, alias Gilbert Gascard est né en octobre 1931 à Marseille où son père, André Gascard, a fait partie de la glorieuse histoire de l'OM. En 1938-1939, il a effectué un intérim officieux d'entraîneur, avec l'aide du Hongrois Willy Kohut. Au cours de la saison 1941-1942, il devient officiellement entraîneur mais est licencié en janvier 1942, après l'élimination en coupe contre l'AS Monaco. Auparavant, André Gascard avait été joueur à Sète en 1905 avant de se retrouver en 1910 à Marseille au Stade Helvétique, l'équipe créée à Marseille par les riches négociant suisses qui s'y étaient installés. Blessé durant la Grande Guerre, il rejoint les rangs de l'OM en 1917 et est capitaine de l'équipe première qui joue la finale du championnat de France.
Ce Gascard-là, avant d'engendrer un fabuleux auteur de BD, a marqué l'Olympique de Marseille, y occupant toutes les fonctions officielles ou dans l'ombre, depuis celle de directeur sportif à celle de speaker -souvenez-vous : "Un cadeau sportif s'achète chez Piéry" ou "Profitez d'un week-end au pied des Pénitents légendaires pour visiter les 3000 m² d'exposition des meubles Conil"- en passant par celle, mystérieuse de "préposé" au moral. "Quand il entrait dans les vestiaires à la mi-t-temps, confie un vieil Olympien, il nous faisait des discours de tribun grec, piquait notre sens de l'honneur. Nous repartions regonflés et souvent, nous gagnions le match". Après son parcours à l'OM, il avait ouvert un magasin, "Gascard Sports", au 139 rue de Rome, au coeur de Marseille, qui était le rendez-vous de tous les amoureux du foot.
Lors d'une interview à Bruxelles en avril 1990, nous avions évoqué avec Tibet son enfance marseillaise. Il évoquait ses "impressions" plus que des souvenirs. "J'ai quitté la ville à quatre ans, lors de la séparation de mes parents. Je me souviens du goût de la brousse du Rove que je mangeais à la cantine de la maternelle. J'ai été ému quand j'en ai remangé bien , de la peur que me faisait les chenilles processionnaires qui avançaient dans les allées du Parc Borély où j'allais jouer avec ma mère."
Tibet se souvenait aussi de son retour à Marseille quand il avait une vingtaine d'années, dans les années 1950. "Je suis allé au stade pour écouter la voix de mon père. Ma soeur Micheline, infirmière à la Timone, habitait là-bas. Elle m'a parlé de la folie et des exploits du "petit de Bruges", Jean-Pierre Papin."
Alors que nous l'interrogions sur l'origine de son pseudonyme, Tibet, imaginant une expédition de jeunesse dans l'Everest, il nous avait confié ce dernier souvenir marseillais : "A l'époque mon frère Pierrot ne parvenait pas à prononcer Gilbert. Il disait Ti-Bé. Ça m'est resté."
Philippe LARUE plarue@laprovence-presse.fr
Bulles encore vides pour " La Provence L'enfance marseillaise du père de Ric Hochet "
Enregistrer un commentaire
Remplir votre bulle sur le site ?